Le stopmotion par transparence

Vous vous souvenez du Light-stopmotion, le stopmotion à pochoir solaire ? Voici une autre sorte de stopmotion utilisant la lumière, non pas réfléchie, mais diffusée !

Au printemps, le label Gemelli Factory m’a commandé un clip en animation (stopmotion image par image) en papier découpé pour illustrer la chanson « La Jardinera » de Violeta Parra, interprété par Emiliano Gonzales Toro, que vous pourrez découvrir ici :

J’ai décidé d’utiliser la technique des multiplans pour faciliter l’animation des éléments indépendamment les uns des autres. Les multiplans sont simplement différents étages de plaques de verres empilées les unes sur les autres, matérialisant les différents plans (avant-plan, arrière-plan…etc) dans un cadre. Comme je n’avais pas de matériel, j’ai simplement utilisé des gros rouleaux de scotch (et oui, le scotch ça sert à tout !) pour séparer mes étages comme on peut le voir ci-dessous.

Le seul matériel un peu compliqué à se procurer pour ce genre de captation, c’est le banc-titre. Personnellement, j’ai préféré m’en fabriquer un. Vous trouverez le tutoriel de montage pour un faire un vous-même ici.

Jusqu’ici, rien de très original pour de l’animation en image par image. Mais comme je tenais à garder une note lumineuse dans cette création (n’oublions pas que ma matière première est la lumière !), j’ai décidé d’utiliser du papier de soie à la place du papier ordinaire. Pourquoi ? Tout simplement parce que la finesse du papier de soie permet d’obtenir une translucidité intéressante lorsque celui-ci est rétro-éclairé.

Il a suffi de le rigidifier en le collant sur du rhodoïd, c’est pourquoi j’ai pu facilement découper des formes innombrables et multicolores pour donner vie à mes personnages.

Je me suis inspirée de certaines animations réalisées en sable utilisant une table lumineuse (celle que j’utilise pour l’art polarisant) pour rétro-éclairer les images et obtenir des éléments transparents ou translucides.

L’avantage de cette technique est qu’on peut jouer sur l’écartement entre les couches de papier pour les rendre plus ou moins opaques : plus les éléments seront plaqués les uns aux autres, plus ils seront transparents. Plus ils seront écartés, moins ils laisseront passer la lumière. Cela peut être un handicap car le premier plan (le dernier étage), s’assombrit vite. Étant donné qu’il est plus éloigné de la table lumineuse, il a tendance à apparaître en contre-jour.

Cependant j’ai découvert des tas de petites astuces qui m’ont fait gagner du temps :

  • Doubler les couches sans perdre de luminosité et sans gêner l’animation : j’ai eu des difficultés pour animer les pattes et les ailes de mon insecte car je voulais conserver de la transparence (donc garder les éléments plaqués les uns aux autres) sans qu’ils se bousculent lorsque je n’en bougeais qu’une partie, un peu comme dans un jeu de mikado : quand tout est superposé, difficile de ne déplacer qu’un élément à la fois. Pour cela, il a suffi d’humidifier légèrement certains éléments (les ailes jaunes par exemple) et de les coller sous la vitre afin que les ailes noires (posées sur la vitre) puissent s’ouvrir librement.
  • Animer le regard d’un personnage : sur ce lien, on peut voir dans les premières images de la story comment animer les pupilles d’un personnage. Il suffit de les placer sur un plan inférieur par rapport au visage, et de bouger la camera. La parallaxe permettra de créer l’illusion que ce sont les pupilles qui bougent.

  • Animer des éléments en art polarisant : bien sûr, impossible de passer à côté du petit challenge de l’animation en art polarisant ! Un filtre polarisant sur la table lumineuse, un autre sur l’objectif de l’appareil photo, des ronds de plastique entre les 2, et le tour est joué ! Après, ce n’est qu’une question de patience pour faire décoller les « bulles » et les faire changer de couleur en les faisant pivoter sur elle-même.

Vous voulez en savoir plus sur l’Art polarisant ? rendez-vous ici.

Petite anecdote de tournage : ma collègue et moi, nous avions chacune un post de travail avec banc-titre. Devinez laquelle de nous deux est allemande 😉 ?

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