Il y a quelques années, une amie prof d’optique à l’université paris X (Géraldine Guida) m’a fait découvrir un phénomène tout-à-fait étonnant : la biréfringence.
Ce mot étrange, aux sonorités oulipiennes, désigne la propriété qu’ont certains matériaux transparents vis-à-vis de la lumière. Leur effet principal est de diviser en deux un rayon lumineux qui les pénètre. Ils ont la capacité de changer de couleur lorsqu’on les places entre deux filtres polarisants. C’est le cas de certains plastiques, du scotch, des bulles de savon.
Si vous êtes intéressé par l’explication scientifique exacte, je vous recommande le TP d’une classe de terminale.
Ensemble, nous avons inventé un objet décoratif, le polaritrope, qui utilise ces propriétés grâce à des bandes de scotch. Vous pourrez en avoir un aperçu dans cette vidéo.
Absorbée par mes projets d’alors, je n’ai pas poussé plus loin l’expérience. Ce n’est que bien plus tard que je suis revenue sur l’exploration artistique de ce phénomène.
J’ai alors cherché sur internet quels étaient les artistes qui utilisait la polarisation ou la biréfringence dans leurs œuvres (sans parler de la photographie) : quasiment aucun !
Seule une artiste américaine ressort dans les moteurs de recherche. Dessins naturalistes aux couleurs parfaitement réalistes, maîtrisées et plutôt sages (mon dieu, que de papillons !) ses créations ne semblent pas avoir exploré toutes les particularités de ce médium. Pour moi, le grand intérêt du matériaux qu’est le scotch, c’est justement de nous offrir des couleurs inattendues à chaque couche supplémentaire que l’on superpose. Alors autant se servir de nos ratés et de nos accidents pour se laisser surprendre par la matière !
Je parle, je parle, mais venons-en à la pratique, vous comprendrez mieux où je veux en venir:
Ne vous en faîtes pas, moi aussi, je suis débutante dans cette technique. Alors je vous propose de progresser ensemble.
Pour commencer, il faut s’équiper:
-d’un rodoïd ou d’un transparent
-de scotch brillant (surtout pas mat)
-d’un cutter fin ou mieux d’un exacto
-d’une table lumineuse (si vous n’en avez pas, reportez-vous ici ) pour ma part, j’utilise un rétroprojecteur ou une Dalle LED de chez Leroy Merlin. Mais pour débuter, vous pouvez tout-à-fait utiliser la vitre de votre fenêtre.
-d’un filtre polarisant A4 (vous pouvez vous en acheter ici)
-d’une paire de lunettes polarisantes de cinéma 3D, celles qui s’accumulent dans vos tiroirs chaque fois que vous rentrez du cinéma (attention, toutes ne fonctionnent pas de la même façon ! au cas où, il y en a des pas chères sur la boutique suivante)
Maintenant, empilez les éléments dans l’ordre suivant en ayant au préalable enfilé vos lunettes polarisantes:
Table lumineuse, filtre polarisant, rodoïde.
Selon l’orientation du filtre polarisant (et de celui de vos lunettes) vous verrez tantôt une surface noire, tantôt une surface blanche (faîtes pivoter le filtre pour voir la différence)
Commencez à disposer puis superposer des bandes de scotch dans la diagonale de la feuille.
Et là, miracle : les bandes de scotch se colorent au fur et à mesure qu’on les superpose !
Remarquez que le phénomène s’inverse si on dispose des bandes dans la diagonale opposée.
On peut ainsi créer un bel arlequin de couleurs et le modifier grâce au petit cutter.
Et là, vous allez me dire, c’est bien beau tout ça, mais comment on expose notre création si on ne peut pas la voir à l’œil nu?
Pas de panique : il suffit de vous procurer un autre filtre polarisant à faire orienter selon vos humeurs.
N’hésitez pas à m’envoyer vos créations et vos impressions !
Dans un article suivant, nous découvrirons ensemble comment créer facilement un beau paysage de montagne comme celui-là…
Pour aller plus loin…
–créer un papillon biréfringent
–expérience scientifique de biréfringence
–créer des tableaux invisibles et multicolores
Génial ! Ça me donne envie d’essayer ! 🙂