Art shadow : sculptures et jeux d’ombre

Qui dit « lumière », dit forcément « ombre », puisque l’une est la complémentaire de l’autre.

Si la Caverne de Platon nous rappelle que les ombres projetées divertissent (et trompent) les hommes depuis la nuit des temps, on peut estimer que les premiers théâtres d’ombre existent depuis plus d’un millénaire dans certaines civilisations (notamment au Cambodge). Peut-être ferai-je (si vous êtes patients) une note sur l’Histoire du théâtre d’ombre plus tard, car elle est vraiment très riche.

Mais ce qui est intéressant est la façon dont les artistes contemporains s’emparent de cette « matière » éphémère aujourd’hui, et pas forcément sous la forme de marionnettes.

Voici quelques exemples pour vous donner un aperçu non exhaustif des principaux sculpteurs d’ombre, qui utilisent pour la plupart la technique de l’anamorphose :

Fabriccio Corneli, passé maître dans l’ombre du contour et du trait : il créé en quelques sortes des graffitis d’ombres sur les bâtiments.

-l’artiste japonais Kumi Yamashita, basé à New-York, s’attache au minimalisme des matières : papier, cubes de bois, pour faire ressurgir d’élégantes silhouettes.

Tim Noble et Sue Webster, fabriquent quant à eux, des silhouettes à partir d’ordures.

Frederic Eerdekens, s’amuse avec l’élégance de la typographie :

Ed Jansen reproduit des silhouettes célèbres avec trois fois rien :

Diet Wiegman - Shadow Dancing, 2008

Larry Kagan manie le fil de fer aussi bien que l’illusion :

20071020_0076

Triantafyllos Vaitsis, lui, est même capable de créer deux ombres à partir d’une seule sculpture :

-Le réalisateur belge Vincent Bal s’inspire de l’ombre projetée des objets du quotidien pour dessiner des saynètes ou  des caricatures (bon d’accord, là on n’est plus dans la sculpture… ) :

Seaside by Vincent Bal

-Et enfin , un de mes préférés, Rashad Alakbarov, modeste mais bigrement efficace :

Pour ma part, après ma période de travail nocturne (à réaliser des tas de lightpainting), j’ai voulu désormais travailler en plein jour, et même avec la lumière du soleil : j’ai donc réalisé une série de portraits d’ombre qui n’apparaissent qu’à certaines heures de la journée, exactement comme un cadran solaire.

 

Cela a fait l’objet, par la suite, d’une résidence en Tunisie en 2013 où des portraits d’ombre de Tozeurois (habitants de Tozeur) ont été installés dans le désert du Chott el Jerid.

Visages du désert
Résidence en Tunisie 2013
Désert Chott el Jerid
Tozeur

Évidemment, je ne vous cache pas que la frustration de limiter la visibilité de l’œuvre à une heure précise et – qui plus est – dans un endroit isolé – m’a poussé à rendre le spectateur un peu plus participant. Aussi me suis-je dit : « pourquoi ne pas faire en sorte que le spectateur soit lui-même la source lumineuse? » afin qu’il choisisse (ou plutôt qu’il cherche) lui-même l’angle d’éclairement pour révéler le visage.

En 2013, j’ai donc créé avec le développeur Manuel Deneu une série de cinq sculptures d’ombre sonores et interactives : l’Ombrascope.

Au-dessus de chaque sculpture en fil de fer et de papier cigarette est suspendue une lampe torche que le spectateur doit orienter convenablement dans l’espace, afin de faire apparaître le visage d’une célébrité du cinéma. Lorsque celui-ci est correctement formé, on l’entend parler ou chanter.

Cette installation s’est fait connaître dans différents festivals de lumière, notamment la Fête des Lumières de LyonLumina festival (Portugal), LichtFestival (Belgique), etc…

 

 

 

ET MAINTENANT, À VOUS DE JOUER !

Il vous suffit d’une planche de polystyrène, et d’un peu de fil de fer ou d’aluminium pour commencer à expérimenter.

Parfois, un dessin préalable peut aider à placer les traits principaux et les emplacements des tiges (choisissez bien comment sera orienté votre dessin par rapport à la source lumineuse).

Les lampes IKEA Jansjö spot LED sont parfaites pour ce genre d’exercice.

Vous pouvez également, comme l’artiste red hong yi, fixer n’importe quel matériaux dans des tiges de métal pour faire apparaître les personnages principaux de la célèbre triple-Trilogie :

 

 

 

 

 

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5 commentaires Ajoutez le votre

  1. Bonjour et merci pour cet article très intéressant.

    L’ombrascope est conceptuellement génial, dans sa manière d’inclure le public dans l’oeuvre ! Je ne connaissais pas non plus Red Hong Yi ; chouette découverte.

    D’ailleurs, j’ai écrit un article sur le shadow art citant une partie des artistes dont vous parlez, qui pourra peut-être vous intéresser. 🙂

    1. AL KING dit :

      Bonjour,
      Et merci pour ces échanges ! En effet, j’ai découvert de nouveaux artistes sur votre article. J’admire également le travail d’Olafur Eliasson, qui mériterait plusieurs articles à lui tout seul, tellement son travail est riche…
      Merci aussi pour cette découverte de ton site L’artboratoire, j’adore le concept !
      ET si tu es justement intéressé par des techniques insolites, je t’invite à découvrir l’Art Polarisant, une technique de colorisation inédite, à la fois invisible et multicolore : https://www.artpolarisant.com/
      Il y a également une vidéo démo ici : https://www.youtube.com/watch?v=u-JdAh8oDuk&t=74s

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